Le dernier jour d'un condamné
Le Dernier Jour d'un Condamné
Opéra créé en version concert le 8 juillet 2007
au théâtre des Champs Elysées - PARIS
Origine de l'oeuvre :
"Le dernier jour d'un condamné" est donc une oeuvre de Victor Hugo, écrite très rapidement alors que l'auteur n'a que 27 ans. C'est un réquisitoire contre la peine de mort qui, rappelons le, ne sera supprimée que le 9 octobre 1981, sous l'impulsion du Garde des Sceaux de l'époque, Robert Badinter. Victor Hugo n'avait jamais que 152 ans d'avance ! Il faut savoir qu'il avait eu le macabre privilège d'assister à des exécutions avec le côté sanguinolant et horrible que l'on suppose. Il confiera que c'est en voyant le bourreau préparer l'infernal mécanisme de la guillotine qui devait servir le lendemain qu'une fois rentré chez lui, il coucha sur le papier ses impressions en se mettant à la place du malheureux futur supplicié.
Inutile de dire que les lecteurs n'auront pas reconnu la valeur de cette oeuvre immédiatement. Victor Hugo ne signera son histoire avant-gardiste, dévoilant une réflexion intense et combien humaine que 3 ans après sa publication, après en avoir changé à deux reprises la préface initiale.
Volontairement, on ne sait que très peu de choses sur l'identité de ce condamné, pas même son nom, ni la faute qui motive son châtiment.
Naissance d'un opéra :
On raconte que le ténor Roberto Alagna, au téléphone, lâche à son frère cadet "je me sens comme un condamné" ; en réponse, le frérot envoie le livre de Victor Hugo. En le lisant le célèbre ténor "entend une musique..." Nous sommes en 1999.
Sur un défi de l'autre frère, Roberto écrit une première mouture d'un livret qui avec le temps sera collégialement revu et corrigé par la fratrie, complété ou épuré, pour être créé 8 ans plus tard.
C'est un opéra en deux actes et un intermezzo.
Le chef d'orchestre Michel Plasson dirige l'Orchestre National de l'Ile de France, lors de la création en 2007. Roberto Alagna crée le rôle chanté du condamné.
Dans l'opéra, un personnage apparaît, qui n'existe pas dans l'oeuvre originale d'Hugo. : Celui de la condamnée, une jeune femme (une cantatrice) située dans un pays indéfini dans une époque vague et qui évoque une exécution tristement actuelle, pour sans doute faire que la prise de position de Victor Hugo sur un sujet si grave traverse les époques.
Résumé de l'intrigue
Un condamné à mort vit sa dernière journée et relate les 6 dernières semaines de sa vie. Il est enfermé à Bicêtre, puis à la Conciergerie. Il se souvient de la vie qu'il a menée et exprime toute une déclinaison de sentiments : révolte, amertume, remords, colère, impuissance, angoisse bien sûr, face à cette échéance fatale qui est devant lui. Il partage ses états d'âme avec une femme, elle aussi condamnée. Il n'échappera pas à son funeste destin.
Les trois frères
L'oeuvre a été jouée en février 2008 - Palau de les Artes de Valencia
et pour la première fois en version scénique à Debrecen en Hongrie en 2009 dans le cadre d'un concours Mezzo. L'oeuvre remportera le prix.
L'oeuvre a été enregistrée en CD en 2007
Avec Roberto Alagna
2007 - Création de l'oeuvre au Théâtre des Champs-Elysées
en version concert.
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Salle Pleyel - 29 septembre 2012
Grand opéra d'Avignon
Critique de FORUM OPERA
Quatre ans avant le succès de Claude, opéra de Thierry Escaich sur un livret de Robert Badinter d’après Claude Gueux de Victor Hugo (voir recension de la création à Lyon), les frères Alagna avaient déjà eu l’idée d’un opéra contemporain inspiré de l’œuvre du poète, et plus particulièrement de son réquisitoire littéraire contre la peine de mort,Le Dernier Jour d’un condamné. Sur un livret efficace et percutant, habilement coécrit par Roberto, David et Frédérico Alagna, David Alagna a composé une musique belle et forte, bouleversante de lyrisme et de noirceur à la fois, parfaitement adaptée à la prosodie de la langue française si bien servie au chant par Roberto Alagna. On ne peut que rester confondu que cette œuvre ne soit pas encore davantage connue, et il faut rendre hommage à l’Opéra Grand Avignon de l’avoir programmée cette année pour sa création scénique en France. Rappelons que Le Dernier Jour d’un condamné a été créé en 2007 en version de concert au Théâtre des Champs-Élysées, et que sa création scénique à l’Opéra de Debrecen, en Hongrie, date de 2009.
La mise en scène de Nadine Duffaut est d’une intelligence et d’une lisibilité exemplaires, donnant à voir l’essentiel tout en laissant place à l’imaginaire et à la réflexion du spectateur. Point de querelle ici entre le choix d’une représentation « traditionnelle » et d’une relecture contemporaine : c’est la juxtaposition, et même, à la fin, l’interchangeabilité de l’ancien et du moderne qui prévaut, puisque la question de la peine de mort reste – hélas ! – d’actualité. Deux parties mobiles et pivotantes de la scène permettent de présenter la paille humide du besombre cachot du XIXe siècle où croupit le condamné, et la salle carrelée de blanc où attend une condamnée du XXIe siècle, dans le dénuement et la solitude. Plus tard, de rapides mouvements rotatifs permettent d’ouvrir la cour de la prison où les condamnés aux galères perdent leur identité pour devenir des forçats indifférenciés, sous la pluie et les quolibets des gardiens. Les décors d’Emmanuelle Favre, les costumes de Katia Duflotsont justes et sobres. Le texte adapté de Victor Hugo est distribué entre l’homme blanc et la femme noire, le premier plongé dans le noir, la seconde aveuglée par la lumière blanche, avec des effets subtils de clair-obscur à porter au crédit de Philippe Grosperrin. La fugace apparition de la mère, de la femme et de la fille du condamné font place, pendant l’intermezzo – d’une écriture exigeante et d’une grande richesse de coloris –, à la projection d’un film muet, tandis qu’à la fin, lorsque le condamné à la guillotine et la condamnée à l’injection létale échangent in extremis leurs places et leurs univers, les deux enfants, l’une noire, l’autre blanche, se jettent au pied de leur mère/père exécuté-e, dans un cercle lumineux. Belle idée aussi de faire prononcer les premières paroles, en texte parlé, de la condamnée, en américain (alors que l’ensemble du livret est en français) pour donner aux mots leur valeur d’actualité. Chacun des deux actes est précédé de l’intervention d’une oratrice, version féminine d’un Hugo rhéteur aux accents parfois emphatiques, accompagnée par l’éloquence d’un violon : Catherine Alcover, qu’accompagne à l’instrument Corinne Puel, commence à dire son texte au milieu du public, comme membre du peuple souverain, avant de réapparaître sur la scène, lieu de la médiation artistique (et de l’éducation esthétique), puis dans une loge du théâtre à l’italienne, lieu du pouvoir. En ces trois endroits résonnent le texte et la musique, à la manière de prologues monteverdiens, avant l’action dramatique. Sur scène, la présence de Roberto Alagna est intense, la voix semble plus que jamais puissante et débordante de lyrisme, la diction parfaite donne à la moindre syllabe une portée singulière.Adina Aaron est une partenaire idéale, avec un art consommé de la projection, des aigus radieux, une longueur de souffle mise au service d’une poésie poignante. À la densité de la composition orchestrale se joint l’art de la fusion du texte et de la musique – par exemple l’utilisation des sons mouillés (« réveiller », « tressaillir ») dans la mélodie, qui rappelle Massenet. Et il y a du Werther dans ce condamné. On ne peut tous les citer, mais l’ensemble des interprètes contribue au succès de cet opéra, depuis le juvénile friauche à la voix souple et sonore du baryton-basse Christian Helmer jusqu’au vieux prêtre interprété avec une sobre solennité par Jean-Marie Frémeau. Les Chœurs de l’Opéra Grand Avignon et de l’Opéra de Tours réunis donnent avec talent corps et voix aux foules (peuple, forçats, badauds), important contrepoint des figures solitaires des condamnés. © Cédric Delestrade/ACM-Studio/Avignon Balàzs Kocsàr dirige avec passion cette musique aux accents parfois romantiques mais jamais complaisante, délibérément tonale mais usant aussi de dissonances, et l’Orchestre Régional Avignon-Provence fait entendre les gouffres qui s’ouvrent et les rayons d’espoir. C’est un triomphe pour l’ensemble des artistes, particulièrement pour le couple des condamnés, héros de cet opéra à deux voix qui leur ménage de beaux moments lyriques et à chacun un grand air, justement et chaleureusement applaudi. C’est enfin le triomphe des trois frères Alagna, car le librettiste, le compositeur et le chanteur, on le perçoit d’emblée, ont travaillé étroitement, de manière solidaire et proprement familiale, à l’équilibre du texte, de la musique et du chant lyrique. On ne peut que souhaiter à cette importante création contemporaine de connaître plus largement encore le succès qu’elle mérite incontestablement. |
David Alagna
Le Dernier Jour d’un condamné Drame intérieur en deux actes et un intermezzo Livret de Roberto, David et Frédérico Alagna d’après le roman (1829) de Victor Hugo Créé en version de concert le 8 juillet 2007 à Paris, Théâtre des Champs-Élysées Créé en 2009 à l’Opéra de Debrecen (Hongrie) Création en France de la version scénique Mise en scène Nadine Duffaut Décors Emmanuelle Favre Costumes Katia Duflot Lumières Philippe Grosperrin La condamnée à mort Adina Aaron Le condamné à mort Roberto Alagna Le bourreau Luc Bertin-Hugault L’huissier Jean-Marie Delpas Le geôlier Philippe Ermelier Le prêtre Jean-Marie Frémeau Le procureur Alain Gabriel Le guichetier de garde Carl Ghazarossian Le friauche Christian Helmer Le deuxième forçat Patrice Laulan L’aumônier Éric Martin-Bonnet Le premier forçat Xavier Seince Le directeur Yann Toussaint Chœurs de l'Opéra Grand Avignon Chef des Chœurs Aurore Marchand Chœurs de l’Opéra de Tours Chef des Chœurs Emmanuel Trenque Orchestre Régional Avignon-Provence Direction musicale Balàzs Kocsàr Opéra Grand Avignon, dimanche 9 mars 2014, 14h30 o |
Roberto Alagna
Septembre - octobre 2017
Le jongleur de Notre-Dame
Le Jongleur de Notre-Dame
créé à l'Opéra de Monte-Carlo
le 18 février 1902
Cette oeuvre de Jules Massenet sera jouée pour la première fois à Paris, deux ans après sa création, le 10 mai 1904, à l'Opéra Comique.
Elle est composée de trois actes.
Le livret de cette oeuvre est signé Maurice Léna, un poète, d'après un conte d'Anatole France, "Le jongleur de Notre Dame", qui fait partie d'un recueil de contes : "L'étui de nacre". Rappelons que ce même auteur a inspiré d'autres oeuvres lyriques comme Thaïs par exemple.
Anatole France raconte donc les aventures de Barnabé, sympathique jongleur, qui tente de gagner sa vie en se produisant de foire en foire et qui trouvera son salut auprès de moines.
Dans l'opéra de Massenet, on remarquera que le sujet est différent des autres oeuvres lyriques ; il ne s'agit pas là d'une histoire d'amour, mais d'une oeuvre spirituelle, autour des Béatitudes. Bienheureux les pauvres.... Certains parlent "d'un miracle" comme ces spectacles proposés sur le parvis des églises et cathédrales au Moyen-Age.
Barnabé le Jongleur qui devient Jean dans l'opéra, a une voix de ténor, Boniface le moine chargé de la cuisine, est un baryton, le prieur de l'abbaye -en l'occurence celle de Cluny- est une basse.
Quant aux voix féminines, elles sont pour les anges qui n'apparaissent pas forcément dans le spectacle mais que l'on entend en voix de soprani.
La remarquable Abbaye de Cluny
Résumé de l'intrigue :
Nous sommes au Moyen-Age, devant l'abbaye de Cluny.
Les villageois sont joyeux. Un musicien , Jean, régale tout le monde, avec les jolis sons émanant de sa vielle. Il est aussi jongleur. Mais la foule a plutôt envie de danser et ne prête pas attention à ses tours...en se moquant un peu de lui, il est entraîné dans la farandole qui se forme.
Il arrive à se dégager et à entonner un "alleluia" païen, à la gloire du vin...Le prieur de l'abbaye, comme on peut le deviner, n'apprécie pas du tout et lui promet l'enfer...Jean, qui n'est pas un mauvais garçon fond en larmes. Le prieur, sensible à son repentir, l'invite à entrer dans l'abbaye.
Jean n'est pas vraiment prêt à aliéner sa liberté et le chante ...mais il a tant de mal à vivre ! Le moine Boniface arrive avec tout plein de ravitaillement ! Jean a faim...
Jean est maintenant à l'abbaye au milieu des moines. Il chante, il boit, il mange. Il regrette de ne pas connaître le latin ! Il pourrait au moins remercier la Sainte-Vierge, comme le font chacun des moines dans leur différente spécialité.
Boniface le cuisinier le réconforte et le rassure : Tout le monde a le droit d'espérer le paradis... Aussi, une fois seul, il offre à la Vierge, les seules chose qu'il sait faire bien : chanter, jongler, jouer de la vielle.
Après plusieurs essais qu'il ne juge pas satisfaisants, il chante et danse pour Notre-Dame...
Les moines sont surpris et s'apprêtent à interrompre cette attitude qu'ils jugent irrespectueuse, mais Boniface qui a tout compris les en empêche. C'est alors qu'un rayon lumineux venant de la statue de la Sainte-Vierge, fait comprendre à tous que Jean est pardonné et choisi...
Dans un moment de grande spiritualité et de sérénité, Jean quitte ce monde, comprenant le latin, apaisé et heureux.
Le prieur rappelle à tous la plus fameuse des Béatitudes : Heureux les simples d'esprit, le Royaume de Dieu leur appartient...
Roberto Alagna dans le rôle de Jean,
le Jongleur de Notre Dame
Le Roi Arthus
Le Roi Arthus
créé le 30 novembre 1903
au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles
Le Roi Arthus, est un opéra en 3 actes et 6 tableaux du compositeur français et librettiste Ernest Chausson.
Il fut composé entre 1886 et 1895.
Sa création aura lieu après le décès de son auteur ; La veuve et le beau-frère du compositeur en superviseront l'exécution.
Il ne sera joué en France qu'en 1916.
On notera que c'est une oeuvre peu représentée.
Comme son nom l'indique, le thème est emprunté aux fameuses légendes de la Table Ronde.
On y retrouve donc les personnages bien connus que sont :
Merlin (l'enchanteur) : voix de baryton
Arthus , que l'on appelle souvent Arthur : voix de baryton
Lancelot : voix de ténor
La Reine Guenièvre : voix de mezzo-soprano
Lyonnel : voix de ténor
Mordred : voix de basse
Comme on peut s'en douter, si Ernest Chausson s'est inspiré de ces légendes, il a aussi pris des libertés qu'il est amusant de relever.
L'intrigue de l'opéra
Le Roi Arthus règne sur la Table ronde.
Malgré une défaite face aux Saxons, il souligne la vaillance de ses chevaliers et plus particulièrement celle de Lancelot, le plus courageux.
Ce qu'il ignore, c'est que Lancelot, qu'il considère son ami, est amoureux de Guenièvre, la reine.
Lancelot et Guenièvre
Les deux amants se rejoignent. Mais ils sont découverts par Mordred, un chevalier neveu du roi.
Lancelot l'attaque à l'épée et croit l'avoir tué ; mais en fait, il n'est que blessé.
La reine et son amoureux regagnent le château royal et réalisent que Mordred a révélé au roi toute son infortune.Lionel, écuyer de Lancelot réprouve la conduite de son maître.
Arthus se tourne vers Merlin et crédule se confie à lui. Merlin lui fait part d'un funeste présage : la fin de la Table Ronde.
Merlin
Lancelot, partagé entre son amour pour la reine et son amitié pour le roi ne nie pas les accusations portées. Les amoureux décident de s'enfuir.
Arthus, à qui Merlin n'a pas tout révélé, part à leur poursuite.
Lancelot se refuse à combattre son souverain et ami. Il se laisse blesser sans répondre. Voyant cela, Arthus pardonne à son chevalier qui meurt.
Guenièvre qui avait pressenti ce drame s'étrangle de chagrin avec sa longue chevelure.
Une nacelle emmène Arthus vers une contrée céleste, idéale.
Et maintenant comparons avec La légende telle qu'on la raconte le plus souvent
Merlin l'enchanteur dans la légende :
C'est un être doté de pouvoirs ; il est porteur d'une grande sagesse. C'est lui qui institue la Table Ronde et son code de Chevalerie. C'est lui qui fait d'Arthur le Roi de Camelot grâce à Excalibur, épée magique. Il est la référence, celui qui sait...
Par rapport à l'intrigue de l'opéra, il est donc normal que le Roi se tourne vers lui pour avoir ses conseils.
Arthur ou Arthus dans la légende :
C'est le Roi de Camelot, et il règne sur la Table Ronde et ses chevaliers. C'est un brave. Il a épousé Guenièvre.
Il mourra en se battant contre Mordred, le fils incestueux qu'il aura eu avec sa soeur la maléfique fée Morgane. Il ne tue pas Lancelot qui mourra à la guerre.
L'intrigue opératique respecte bien l'amitié qui existe entre Lancelot et lui, même si les événements viendront à les séparer.
Par contre, ce n'est pas lui , dans les légendes que nous connaissons, qui tue Lancelot.
Lancelot dans la légende :
on l'appelle "Lancelot du Lac" car la fée Viviane, "la dame du Lac" l'a enlevé à ses parents et l'a élevé en chevalier parfait.
C'est le type même du chevalier courtois et amoureux. Il était destiné à trouver le Saint-Graal mais son amour pour la reine Guenièvre l'en aura privé.
L'intrigue de l'opéra relate cet amour de Lancelot pour la Reine Guenièvre que nous retrouvons dans tous les récits. Cet amour causera une brouille entre les deux amis.
Lancelot aura un fils avec la douce Ellan : Galaad, chevalier au coeur pur qui trouvera le Saint Graal.
A noter que certains récits nous disent que Lancelot ayant péri à la guerre, c'est Arthus et Guenièvre qui élèveront Galaad comme leur propre fils.
L'intrigue de l'opéra diverge des récits connus en faisant mourir Lancelot par la faute d'Arthur. Elle n'évoque pas Galaad.
Guenièvre dans la légende
C'est la reine de Camelot et épouse d'Arthur. Elle tombe amoureuse de Lancelot.
Guenièvre après la mort du roi ne se suicide pas avec sa chevelure ; la légende nous dit qu'elle se retire dans un couvent.
Mordred dans la légende
Chevalier de la Table Ronde, il est le fils incestueux que le roi aurait eu avec la fée Morgane, sa soeur.
Il est jaloux d'Arthur et avec son cousin Agravain il veut faire périr la reine sur le bucher pour la punir d'avoir trompé son époux. Lancelot sauvera Guenièvre.
Pour finir, Mordred affrontera Arthur et les deux s'entretueront.
Mordred n'est pas le neveu du roi mais son fils incestueux ; il semble que dans l'opéra on ait mélangé les personnages d'Agravain et de Mordred ; dans la légende, c'est Agravain, neveu du roi, qui surprend les amants. Mordred lui, est davantage un rival qu'un espion mais comme dans l'opéra c'est un personnage sournois. Dans l'opéra toujours, il n'est pas question de cette lutte où Arthur et Mordred périront.
Lionel dans la légende
c'est un cousin de Lancelot, chevalier de la Table Ronde lui aussi et élevé tout comme lui par la fée Viviane.
Il sera aux côtés du roi Arthur contre Mordred.
Dans l'opéra on parle de lui comme de l'écuyer de Lancelot ; pourquoi pas ?
Les grands "Lancelot" du cinéma
Robert Taylor est Lancelot dans le film
Les chevaliers de la table ronde
de Richard Thorpe - 1953
Ava Gardner était la reine Guenièvre
et Mell Ferrer le Roi Arthur
Cornel Wilde est Lancelot dans
Lancelot Chevalier de la reine
film réalisé par lui-même - 1963
Jean Wallace était la reine Guenièvre
Gérard Falconetti est Lancelot du Lac dans le film éponyme TV
de Claude Santelli - 1970
(Marie-Christine Barrault était la reine Guenièvre)
(G. Falconetti, tragiquement et précocément disparu
était le petit fils de Maria Falconetti
célèbre Jeanne d'Arc du cinéma muet en 1928)
Nicholas Clay est Lancelot dans le film Excalibur
de John Boorman - 1981
Richard Gere est Lancelot dans Sir Lancelot du Lac
de Jerry Zucker en 1995
Sean Connery était le Roi Arthur
et Julia Ormond la Reine Guenièvre
Jean-Baptiste Maunier est Lancelot dans la série TV "Merlin"
Sinqua Walls est Lancelot dans la série américaine TV
"Once Upon a Time" - 2012
Dan Stevens est Lancelot dans le film fantastique "Nuit au Musée"
de Shawn Levy - 2014
Lancelot dans d'autres spectacles
Arthur et Lancelot dans la superbe évocation des
Chevaliers de la Table Ronde
du Puy du Fou
Lancelot à l'opéra
Roberto Alagna dans le rôle de Lancelot
Opéra Bastille - Paris
Mai - Juin 2015
Prise de rôle
photo Roberto Alagna page FB
Tiphaine de Camaret , étudiante, nous propose une analyse personnelle très réfléchie et très pertinente sur la mise en scène quelque peu décalée, choisie par Graham Vick pour évoquer "Le Roi Arthus".
Je la remercie de bien vouloir nous la "prêter" pour permettre à chacun et chacune de se faire sa propre opinion ;
« Un Idéal ne meurt jamais » , ou une certaine vision de la mise en scène … ( Analyse personnelle de l’opéra d’Ernest CHAUSSON « le Roi Arthus » , représentation à l’Opéra Bastille , Paris , le 16/05/2015 ).
Une mise en scène représente, bien plus qu’une banale illustration « figurative », la vision que l’on peut avoir d’une oeuvre au delà de l’histoire qu’elle raconte . Accuser la piètre qualité d’une mise en scène , dire « C’est n’importe quoi !!! » quand une mise en scène ne nous plait pas, c’est également nier qu’une réflexion au-delà du visible, existe . Je ne reviendrai donc pas sur la pièce en elle-même, saluée unanimement pour la qualité de la prestation des chanteurs , même ceux dont le rôle durait quelques minutes à peine ( petite pensée pour le laboureur ) , et des musiciens admirablement dirigés par le chef d’orchestre Philippe Jordan .
Je reviendrai donc sur ce qui n’a pas fait consensus pour mieux tenter de comprendre cette mise en scène , pour le moins polémique. Pour ce faire, je vais alors me concentrer sur 3 éléments qui , je pense, peuvent éclairer la grille de lecture empruntée par les metteurs en scène :
La Maison : C’est l’oeuvre d’Arthur, la Table Ronde , inspirée de Merlin (serait-ce une maison Leroy-Merlin alors ? ), cette Oeuvre, bâtie sur les bases de la solidarité de loyauté et de l’honneur , est une oeuvre commune à laquelle chacun des «Maçons-Chevaliers » a contribué . Par ailleurs, Arthus , ne s’attribue pas toute la gloire de cette oeuvre , et c’est Lancelot (le plus mythique des chevaliers de la légende Arthurienne) qui se charge des plans , bâtit l’oeuvre avec son roi (son chef ? ) , après une sombre bataille contre les terribles Saxons . L’heure est à la prospérité , à la construction d’un avenir meilleur (quête du bonheur … ce Graal absolu ) , avec en fond , un paysage idéalisé et médiéval de la vertu, de la loyauté et de tout ce qui fait les valeurs d’un «honnête homme» (notion anachronique du 17e siècle s’il en est ). Mais dans l’envers du décor, visible dès le deuxième tableau de l’acte I , on voit bien que cette maison , avec sa petite étagère garnie de livres, sa petite table, son petit canapé rouge n’est qu’une façade à l’adultère de Lancelot et de Genièvre … mais l’oeuvre est encore debout, bien stable, gardée par les épées « piquets-de-chantiers » fichées dans le sol , gardiennes de la table ronde ; mais ces limites sont franchies dès le premier tableau de l’acte II par Lancelot et Genièvre ayant décidé de vivre leur amour « au grand jour » ( sic) , libérés des contraintes de la Table Ronde … Mais L’Oeuvre se fera malmener, encore et toujours dans ce même acte II , où nous la découvrirons d’abord à la verticale, trop grande et dépassant l’amour interdit de Lancelot et Genièvre , puis de nouveau droite dans le deuxième tableau ... mais déjà, elle est bancale et en dehors des limites « chevaleresques ». Un faux-semblant créé dans la tête du pauvre Arthus , assailli par un terrible doute d’une trahison plus que probable, confirmé par Merlin et par l’acte III , où tout sera renversé , brûlé , et la Table Ronde mise à terre avant d’être démembrée dans la dernière scène . Cette fois, c’en est fini : La Table ronde, Oeuvre de la vie d’Arthur n’existe plus...
Le Canapé « Ikea » : De couleur rouge ( passion) , que pourrait-il symboliser ? Le trône d’Arthus, symbole immuable de la stabilité, sur lequel se livrent en cachette , les amours coupables de Lancelot et Genièvre ? Le rocher sur lequel le preux Chevalier meurt , pardonné par le roi ? Pourtant ce canapé est rapidement approprié par le personnage de Lancelot . C’est là que Lancelot rejoint Genièvre à l’acte I , c’est là qu’il est pris de remord à l’acte II , et dans le dernier acte , c’est ce canapé là qui brûle la passion qu’il a éprouvée pour Genièvre, au moment où celui-ci ouvre les yeux sur le choix à accomplir pour son salut … C’est là où il meurt pardonné. Il est a la fois , trône, Rocher, objet de stabilité sur lequel la passion mais aussi le doute , la trahison s’installent. à l’acte II deuxième tableau , Arthus renverse ce symbole … et tout bascule dans le chaos de la guerre , la destruction finale de l’Acte III .
L’Arrière-plan : Cette image est le premier élément que l’on découvre , et d’emblée se présente l’impression d’une vision onirique et enchanteresse : une colline verte , un ciel bleu , un peu nuageux , et au sommet de la colline, une tour blanche , d’aspect plutôt médiéval : elle représente l ‘Idéal que cherche Arthus , en bâtissant sa maison « Table-Ronde » , tentant de reconstituer cet Idéal légendaire . L’Idéal est présent jusqu'au début de l’acte II , intact . Mais il est absent dans la deuxième partie de ce dernier . Tout est sombre . C’est la vision mentale d’un Arthus dans le doute . Comme lui , nous n’avons plus de repère , l’Idéal est absent, et le Bâtisseur interroge Merlin sur le devenir de son Oeuvre. Et c’est une illusion brisée, souillée, déchirée, trainée dans la boue que l’on retrouve au 3 e acte, l’Acte du Chaos . La Table Ronde est morte et ne renaitra pas. A cause de l’amour de Lancelot pour Genièvre , à cause de la jalousie de Mordred et de la colère des chevaliers . Pourtant, au seuil de la mort, Arthus regarde encore l’idéal qu’il a tenté de suivre en bâtissant la Table Ronde . Un idéal qui sera suivi par d’autres bâtisseurs , qui comme Arthus , seront en quête d’un monde meilleur et d’un Graal absolu .
On peut alors résumer la chose ainsi : Peu importe les trahisons et les faiblesses humaines , un Idéal ne meurt jamais . Le roi Arthus, conseillé par Merlin et ses preux chevaliers , ont bâti une oeuvre , basée sur la vertu la loyauté et l’honneur : La Table Ronde . Utopie dérisoire, et c’est ce qu’entend montrer la pièce . Car les hommes ne sont pas à l’abri des trahisons, des jalousies , des doutes, des querelles. L’Oeuvre se désagrège, au fur et à mesure que le chaos s’installe . L’Instigateur, le bâtisseur , espère encore sauver l’Oeuvre qu’il a créée … mais il ne peut plus compter sur ceux qui ont aidé à la bâtir et qui servaient d’appui à l’Oeuvre . La Table Ronde périra en même temps qu’Arthur … Périr ? Non . Car l’Idéal que regarde Arthus , prêt « à quitter la terre » , bien que souillé, déchiré, sali, est loin d’être mort . Et la Mort elle-même , s’efface face à la grandeur de l’Idéal auquel aspirait Arthus . Ainsi , les choses matérielles , tout comme les êtres, meurent et s’effacent lentement tombent dans l’oubli ( comme le dit justement un Lancelot agonisant à un Arthus ayant perdu toute ses illusions ) , mais l’Idéal / l’Idée reste.
Voilà . Je n’ai pas la science infuse . J’ai certainement ( et même sûrement ) oublié des choses . Ce n’est qu’une vision, parmi tant d’autres , d’un travail et d’une réflexion sur la mise en scène qu’on ne peut dégager d’un revers de la main , en disant : « C’est nul ! » , « Ca veut rien dire !!! » . Donc s’il y a des éléments que je n’ai pas mentionnés , et que vous souhaitez aborder ou développer ( ou même corriger si vous avez une autre vision de la chose émoticône wink ) , vous pouvez ajouter tout ça dans les commentaires .
En tout cas, j’irais revoir cet opéra dont la mise en scène possède , à mon sens, un niveau de lecture très intéressant de l’oeuvre de Chausson , et qui lui donne ( je pense ) une dimension supplémentaire . Bravo a Graham Vick et longue vie a Arthus !!!!
Tiphaine de Camaret
Afin d'avoir les deux pistes de réflexion contradictoires, voici une autre analyse, totalement à l'opposé.
Il reste à chacun et chacune le privilège de se faire sa propre idée et de définir sa préférence personnelle.
"Reste la déception de la mise en scène. Pour unique décor une toile peinte représentant la colline de Glastonbury et qui se dégradera au fur et à mesure de la représentation, image naïve des idéaux d’Arthus. Sinon, deux pans de murs d’un mobil home entourés d’un cercle d’épées fichées dans la terre symbolisant la table ronde seront posés au premier acte pour s’effondrer au troisième, tandis qu’un hideux canapé rouge façon années 60 finira par brûler au grand soulagement du public. Dans cette absence de décor triste et glauque, les hommes vont et viennent habillés comme des ouvriers de chantier (certains ont même quelques casques) et les femmes dans des robes aux couleurs criardes, hormis Genièvre pieds nus en chemise de nuit la plupart du temps. Mais de cette « transposition » tellement éculée ne naît jamais aucune image marquante, juste le malaise à la pensée que les années passées par le compositeur sur sa partition et son livret sont ainsi méprisées par le metteur en scène. La lecture du texte de Graham Vick qui figure dans le programme nous conforte; il eût mieux valu plus d’humilité et de fidélité à Chausson que cette « traduction » qui suscite parfois quelques rires déplacés du public. Dommage, une aussi somptueuse exécution musicale d’une oeuvre aussi rare méritait mieux."
Jean-Claude Hulot
Et la partie musicale ? La qualité fait l'unanimité.
Un sujet abracadabrantesque ? Même pas. Ce sont les amours de Lancelot et de Genièvre, leur fuite du royaume d’Arthur (Arthus), le repentir de Lancelot, le suicide de Genièvre abandonnée par son amant, Lancelot qui refuse de se battre contre son roi et préfère se faire tuer. Arthus, désespéré, aspire lui aussi à mourir et implore le Ciel. Des voix très sûres, très belles Paysage désolé des sentiments, désolé et brumeux de la Cornouaille. Musique très française, et même très « Chausson », dans ses nappes lyriques qui balaient l’orchestre. Mais dans son « Roi Arthus » Chausson n’a pas résolu le « problème Wagner » qui obsèdait tout compositeur de cette époque: «Wagner me hante, me bouche toutes les voies. Je me fais l’effet d’une fourmi qui rencontre une grosse pierre glissante sur son chemin. Il me faut la contourner, trouver un passage… ». Et ce qu’il trouve… ce sont des principes wagnériens. Expliquons: chez Bizet, Verdi, Puccini, la mélodie est à la voix, l’orchestre est l’accompagnateur. C’est (presque) l’inverse chez Wagner, l’orchestre a le thème, le fameux leitmotiv, la voix tresse son chant en se modelant, se modulant sur lui. Ecoutez « Tristan et Isolde » dont « Le roi Arthus » est bien proche par le sujet, écoutez la mort d’Isolde… Il faut donc des voix très sûres, très belles, et constamment à l’écoute du tissu instrumental. Ces voix, on les a ici.
Bertrand Renard
Leoncavallo
Ruggero Leoncavallo
1857 - 1919
Ruggero Leoncavallo est un compositeur italien né à Naples. Son père est magistrat. Lui n'est pas attiré par cette voie et prend des cours de musique au Conservatoire. Puis il travaille avec Carducci un poète. Il part découvrir le monde et s'installe à Paris où il devient l'ami de Jules Massenet.
Il compose quelques opus avant d'imaginer son oeuvre maîtresse : Paillasse (Pagliacci). Puis il se lancera dans plusieurs genres : opéra, poèmes symphoniques, opérettes. Sa dernière oeuvre, un opéra , Oedipe roi sera créée un an après sa mort à Montecatini-Terme en Italie.
Les pêcheurs de perles
Les Pêcheurs de perles
créé le 30 septembre 1863 au théâtre lyrique à Paris
Naissance de l'oeuvre :
Les pêcheurs est le premier opéra composé par Georges Bizet.
il se compose de trois actes.
Soulignons qu'il se termine plutôt bien et que l'amour triomphe, ce qui est rare dans les opéras !
Résumé de l'intrigue :
L'histoire se déroule sur l'île de Ceylan (Sri Lanka). Zurga (baryton) vient d'être élu roi des Pêcheurs. Nadir (ténor), qui l'a rejoint, partage avec lui une passion pour Leila, sorte de Vestale qui protège les gens du village. Pour préserver leur amitié, les deux hommes se sont jurés de renoncer à la jeune fille.
Leila arrive sur une sorte de pirogue, accompagné du grand prêtre Noubarad, Elle promet de rester pure et de ne jamais retirer son voile et comprend qu'elle sera châtiée impitoyablement si elle faillit à son serment.
Leila est maintenant dans un temple et se souvient qu'autrefois elle a sauvé un homme qui, pour la remercier, lui a donné un collier qui est devenu comme un talisman.
Mais elle entend la voix de Nadir qu'elle préfère, et chante son amour pour lui. Les deux voix s'entremêlent mais Noubarad surprend le duo et dénonce les faits à Zurga, qui fou de jalousie les condamnent tous les deux à périr brûlés vifs.
Leila essaie en vain d'obtenir la grâce de Nadir en échange de sa propre vie. Elle se résigne à faire parvenir à sa mère , par l'intermédiaire d'un pêcheur, le collier talisman qu'elle a toujours gardé. En le voyant, Zurga reconnaît le bijou ; c'est lui qui l'avait offert à une jeune femme qui l'avait sauvé : c'était donc Leilà.
Il est plein de repentir et décide d'agir. Il met le feu au village...et tandis que tous les pêcheurs s'éparpillent pour sauver leur maison, il libère les deux jeunes amants qui s'enfuient reconnaissants.
Zurga reste seul avec son chagrin, mais l'amour a triomphé.
Roberto Aldagna dans le rôle de Nadir
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Séville - juin 2009
Merci à Pierre et Monique Franco
pour le prêt de ces deux photos de leur collection privée
Avec Nathalie Manfrino
Salle Playel - février 2013
version concert
photos Martine Chauvin