Français - Fromental Halevy
Fromental Halevy
Fromental Halevy
1799 - 1862
Fromental Halevy est un compositeur et musicien français.
Il naît à Paris 6 ans après l'exécution de Louis XVI et connaîtra la période couvrant les deux empires.
Son père Elie Levy, d'origine bavaroise, de confession juive, élève ses deux garçons, Jacques-Fromental et Léon dans cette religion.
Sa mère Julie Mayer est lorraine.
Léon, son frère sera un ami de Saint-Simon et le père de Ludovic Halévy, célèbre librettiste de Jacques Offenbach entre autres.
Ludovic Halevy, neveu de Fromental Halevy
A partir de 1807, la famille choisit de se faire appeler Halevy. Saint-Simon qui avait des idées de tolérance et qui prônait l'abolition des barrières entre les religions aura une influence marquée sur toute la famille.
Le jeune Fromental est très tôt inscrit au Conservatoire de M/usique à Paris. Il a 12 ans seulement quand il entre dans la classe de Chérubini ; il se révèle un excellent élève et à son tour, dès l'âge de 15 ans, il peut donner des cours de solfège.
En 1819, il décroche le Grand Prix de Rome et voyage dans les grandes capitales musicales que sont Rome, Naples, Vienne. Il rencontre Beethoven pour qui il éprouve une grande admiration.
Il rentre sur Paris où il est professeur d'harmonie et d'accompagnement au conservatoire puis Chef de Chant à l'opéra. Charles Gounod et Georges Bizet (qui deviendra son gendre) sont parmi ses élèves.
Il commence à composer et on peut citer Ciari, opus en italien, créé en 1828 par la célèbre Malibran.
En 1833, il reçoit une commande d'un opéra. Ce sera "La Juive", d'après l'oeuvre de Scribe.
Créée en 1835, l'oeuvre obtiendra aussitôt un immense succès et restera sa création la plus renommée.
Plébiscité pour cette réussite, il répond alors à d'autres commandes et compose plusieurs autres opéras ( une trentaine en tout) dont nous retiendrons Guido et Genevra, une adaptation de Roméo et Juliette, La Reine de Chypre, Charles VI, Le Juif errant, La magicienne.
Fromental Halevy épouse une artiste cultivée et douée en sculpture , Léonie, soeur de la femme de lettres Eugénie Foa ; le couple aura deux filles :
Esther qui meurt avant d'épouser son cousin germain Ludovic Halevy (librettiste) et Geneviève qui épousera Georges Bizet et qui aura un fils Jacques de cette union.
Geneviève, épouse de Georges Bizet et fille de Fromental Halevy
La Juive
La Juive
Opéra de Jacques-Fromental Halévy
créé le 28 février 1835 à l'Opéra de Paris.
Pour bien comprendre l'intrigue :
Le juif Eléazar (ténor) est en route d'exil vers la Suisse, venant d'Italie. Il trouve une toute petite fille, rescapée d'une maison incendiée par des brigands, celle du Comte Brogni. Autrefois, ce dernier, à Rome avait jugé les fils d'Eléazar comme hérétiques et les avait condamnés au bucher. Eléazar élève l'enfant qu'il nomme Rachel.
Brogni à son retour, constate sa maison brûlée et la mort sans doute de sa fille. De chagrin, il rentre dans les ordres et deviendra ensuite cardinal Brogni (basse).
L'opéra
Rachel (soprano) est devenue une jeune fille et vit avec son père Eléazar, bijoutier à Constance.
Rachel est amoureuse de Léopold, (ténor léger) un étudiant juif. Ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'il s'agit en fait d'un prince chrétien, officiellement fiancé à la Princesse Eudoxie (soprano).
Au cours de la Pâque juive, le jeune homme, présent, refuse le morceau de pain sans levain rituel et révèle qu'il est chrétien, sans préciser son identité. Rachel est effondrée. Leur amour devient impossible et punissable de mort pour elle et d'excommunion pour le jeune homme. Elle réalise qu'elle a trahi son père et son Dieu.
Leopold ne veut pas renoncer à elle et envisage de l'enlever. La jeune juive se laisse convaincre quand ils se retrouvent devant Eléazar. Ce dernier maudit le jeune homme qui s'enfuit dans son palais. Rachel puis son père le suivent.
Tout le palais est au courant de la passion coupable des jeunes gens.
Tous les trois sont jetés en prison.
La princesse chrétienne Eudoxie supplie Rachel de prendre tous les torts à sa charge pour sauver le Prince. La jeune juive accepte...
Le Cardinal Brogni propose de les grâcier si Eléazar se convertit au Christianisme, ce que l'intéressé refuse énergiquement.
Avant de mourir, par vengeance, Eléazar apprend au Cardinal que sa petite fille n'est pas morte autrefois, mais sauvée par un juif, dont il connaît l'identité, mais qu'il ne la révélera jamais. Brogni le supplie en vain.
Eléazar chante l'air fameux "Rachel quand du Seigneur"... Il sait qu'il suffit d'un mot pour épargner Rachel puisqu'elle n'est pas juive de naissance, mais finalement il choisit de se taire.
Alors que Rachel est déjà au milieu des flammes, Eléazar a le temps de révéler à Brogni que c'est sa propre fille qu'il a fait périr.
Pour mieux connaître l'oeuvre :
La Juive a été représentée plus de 600 fois à l'opéra
C'est La Juive qui a inauguré les représentations publiques du Palais Garnier, le 8 janvier 1875.
Elle a été représentée avec succès en France et dans le monde jusque dans les années 30 où elle a disparu de l'affiche
Elle ne fut reprise qu'en 2007.
Le rôle d'Eléazar était l'un des plus importants du répertoire des ténors au XIXe siècle.
Adolphe Nourrit, le premier Eléazar
Le saviez-vous ?
Au départ, Halévy voulait confier le rôle d'Eléazar à une basse légère et situer l'action en Espagne, au temps de la puissance de l'Inquisition. Mais lorsque Scribe parla pour la première fois au compositeur de son projet de livret, il lui désigna tout de suite les interprètes auxquels il songeait : Le ténor Adolphe Nourrit (pour Eléazar) et Cornélie Falcon pour le rôle de Rachel. Halévy nous en fait part dans la genèse de son oeuvre maîtresse, dont le sujet l'émut d'abord profondément : "Nourrit, ajoute-t-il, nous donna d'excellents conseils. Il y avait au 4 e acte un final ; il nous demanda de le remplacer par un air. Je fis la musique de l'air sur la situation donnée ; Nourrit demanda à M. Scribe de faire lui-même les paroles de l'air dont la musique était prête. Il voulait choisir les syllabes les plus sonores et les plus favorables à sa voix. Scribe se prêta de bonne grâce au désir du chanteur et Nourrit nous apporta, peu de jours après, les paroles de l'air :
"Rachel, quand du Seigneur, la grâce tutélaire, etc..."
Cornélie Falcon, la première Rachel
Roberto Alagna dans le rôle d'Eléazar
La Juive 26 juin 2016
Opéra de Munich
Roberto Alagna, Aleksandra Kurzac
merci à Martine Chauvin pour son prêt de photos
