Français - Massenet
Jules Massenet
Jules Massenet - 1842 - 1912
Compositeur français
né à Montaud à côté de Saint-Etienne
mort à Paris
inhumé à Egreville en Seine et Marne.
Né du second mariage de son père, fabriquant de lames de faux avec une aristocrate.
Il est le benjamin d'une famille de 12 enfants.
Monte à Paris et suit les cours du Conservatoire de musique.
Apprend à jouer de nombreux instruments et bien sûr le solfège.
Décroche le Prix de Rome en 1863 ; c'est dans la capitale italienne qu'il fait la connaissance de Franz Liszt qui lui présente sa future épouse Ninon de Cressy.
Le couple aura une fille Juliette
Retourne à Paris et tout en composant des opérettes et opéras, enseigne au conservatoire.
Parmi ses élèves, Reynaldo Hahn (auteur de l'opérette Ciboulette et de l'opéra Le Marchand de Venise.
Oeuvres principales :
Don Cesar de Bazan, Marie-Magdeleine, puis en 1884 Manon d'après l'oeuvre de l'abbé Prévost.
Hérodiade, Don Quichotte, Le Cid, Le Jongleur de Notre-Dame, Werther (d'après Goethe), la Navarraise,. Il met en musique la prose d'Anatole France : Thaïs dont on connaît surtout la célèbre méditation.
Compositeur réputé mélancolique, tourmenté et inspiré.
Pour la petite histoire, il est l'oncle-aïeul d'Ariane Massenet, journaliste TV.
Requiem in pace
Cimetière d'Egreville - Seine et Marne
Werther
Werther
créé le 16 février 1892 à l'opéra de Vienne
https://www.youtube.com/watch?v=fky8JNjqoD0
L'oeuvre :
Werther est un opéra en 4 actes et 5 tableaux, composé par Jules Massenet d'après l'oeuvre célèbre de Goethe : Les souffrances du jeune Werther.
On sait que lors de la parution de cette histoire tragique, chef d'oeuvre du romantisme, beaucoup de jeunes gens, à l'instar du héros, se donneront la mort.
Quand il est joué à Vienne, à Genève et enfin à Paris, c'est loin d'être un succès. Le directeur de l'opéra comique trouve le sujet sinistre.
Werther est devenu au fil du temps une oeuvre maîtresse, que les plus grands ténors aimeront inscrire à leur registre.
Résumé de l'intrigue :
Le Bailli de Wetzlar est veuf et père de 9 enfants. L'aînée Charlotte est fiancée officiellement à Albert. Elle a fait la promesse de l'épouser à sa mère mourante. Mais elle charme le jeune futur diplomate Werther qui ressent une vive passion pour la jeune fille. Un soir, ils s'avouent la réciprocité de leurs sentiments et réalisent l'impossibilité de vivre ensemble cet amour. Albert survient ce qui plonge Werther dans le désespoir. Charlotte fidèle à sa parole épouse Albert. Ce dernier ne sait pas encore la vérité et avec Sophie, cadette de Charlotte, il tente de consoler son ami Werther de son spleen visible. Charlotte est une femme de devoir et Werther qui ne peut se résoudre à la perdre, commence à songer au suicide.
La veille de Noël, Werther revoit Charlotte qui repousse ses avances. Werther, désespéré, emprunte les pistolets d'Albert qui a tout compris et se blesse mortellement. Charlotte a le temps de lui confirmer son amour avant qu'il n'expire dans ses bras.
Airs principaux :
Ô nature pleine de grâce
Va, laisse couler mes larmes
Pourquoi me réveiller
La musique de Werther,à l'image du drame qu'elle accompagne, est romantique, tourmentée, passionnée, pathétique.
Plusieurs ténors, dont Roberto Alagna confieront aimer chanter ce rôle mais en se préservant, pour ne pas y "perdre trop de plumes..."
Les cinéphiles se rappelleront Pierre-Richard Willm, le héros romantique tant aimé de nos grands-mères, dans le rôle de Werther, dans le film de Max Ophüls - 1938
Les grands Werther
Georges Thill
Alfredo Kraus
Placido Domingo
José Carreras
Rolando Villazon
Jonas Kaufman
Francesco Meli
Roberto Alagna dans ses rôles de Werther
Toulouse 1997
Metropolitain opera de New-York - janvier 2004
Turin 2005
Vienne - avril 2013
avec Elina Garanca
Opéra Bastille - Paris - janvier-février 2014
http://www.youtube.com/watch?v=2M5M2V8DkSQ&feature=youtu.be
Très bouleversé par ce Werther... par ce chant français souverain et définitivement sans égal aujourd'hui de Roberto Alagna, par la beauté frémissante et intense de la Charlotte de Karine Deshayes... et ce spectacle qui a désormais les allures d'un grand classique; et puis cette longue accolade, émouvante, à la fin, entre le ténor et Plasson...
Stéphane Grant
"Si Alagna était souffrant comme il l'était dans Carmen il y a 10 jours, cela ne s'est pas du tout ressenti dans sa performance aujourd'hui. [...] Dans une démonstration de toute sa force d'acteur, Roberto Alagna s'approprie la peine et le tourment intérieur d'un homme solitaire mélancolique. D'apparence, son beau visage et ses longs cheveux ondulés demeurent, mais il parvient à projeter un tel sentiment de vulnérabilité, d'angoisse et d'amer regret que l'effet dévastateur de ces sentiments est tout à fait crédible. Rôle énorme, Werther donne à Alagna de nombreuses opportunités de briller vocalement, avec plusieurs arias dans lesquels Werther se transforme peu à peu, du jeune homme rempli d'espoir à l'homme dépressif et suicidaire. Apparaissant souvent seul en scène, Alagna a suscité l'émotion et capté l'attention soutenue de l'immense salle de l'opéra Bastille. Au moment où il a chanté l'air de l'acte 3 “Toute mon ame est la!…Pourquoi me réveiller?” il a littéralement bouleversé l'audience. Alagna et Deshayes font preuve d'une grande complicité, et l'alchimie de leur duo est des plus touchantes. Leur plein engagement et la passion rendue à l'acte final révèlent tout le caractère tragique de la situation."
Simonparrisinchair
Critique du Teatro org. italien
Un Werther ardent mais surtout crédible, expressif, doux, tendre de cette tendresse fragile, presque naïve et très éloignée du conformisme et du grand romantisme dont on a souvent voulu faire la démonstration ; une vraisemblance qui le porte à mourir, au quatrième acte, dans les bras de Charlotte en position foetale, incarnant un personnage tremblant et épuisé, d'une telle sincérité portée par la sensibilité de l'interprète, qu'il exprime ce que des dizaines de Werther n’ont jamais réussi à révéler sur la scène auparavant.
Ces nuances particulières propres au caractère du personnage, qui débute dans la joie pour sombrer peu à peu jusqu'au suicide final, sont en absolue concordance avec l’œuvre de Goethe dont le livret est tiré, et sont intimement empreintes dans toute l'interprétation du grand ténor, qui « ressent » le personnage de Werther dans le moindre détail. Preuve en est même la difficulté perceptible qu’il éprouve à en sortir à la fin du spectacle. Il est capable cependant d'offrir au personnage, d’abord, une voix toujours splendide, une admirable ligne de chant et une diction parfaite, mais aussi de lui conférer cette indispensable touche purement française que lui seul sait donner et qui d'habitude manque aux Werther les plus titrés.
Dans le chant en français, les sonorités sont extrêmement raffinées, à condition que leur émission soit réalisée avec une perfection absolue. Alagna est un maître en la matière, il est celui qui est capable de rendre ce français comme il se doit, dans toute son élégance, son phrasé et son style, et dans l'expression des sonorités typiques de la langue, ce qui nécessite une parfaite maîtrise de la technique et qui sied de façon plus moins heureuse aux spécificités de la voix de chaque chanteur. Le son et la métrique que Massenet a donnés à son personnage de Werther ont toujours été et sont toujours parfaitement dans les cordes et les compétence vocales du grand ténor, qui parvient à garder le goût du Bel Canto en parfait équilibre avec la nature de son personnage et l'action scénique. Il se montre donc, encore une fois, l'interprète idéal de cette oeuvre à ce jour sur les scènes du monde entier.
[...] Et puis, quand vous laissez toute la scène à Roberto Alagna, vous pouvez être certain qu'il saura comment l'utiliser en tant qu'acteur merveilleux, et interprète dont la qualité de voix est d'une finesse extrême. L'intégralité de la scène "Oui ! ce qu'elle m'ordonne ... " où seul sur le plateau il termine à genou avec son "Appelle-moi!", restera mémorable.
Bilbao - janvier 2015
Le Cid
Le Cid créé en 1885
Le Cid est un opéra français de Jules Massenet, dont l'intrigue est tirée de la tragédie de Pierre Corneille, Le Cid (1637).
Cette pièce que des générations de collégiens ont découverte en 6e, en apprenant par coeur la tirade "Rodrigue as-tu du coeur", fait partie de nos grands classiques.
Gérard Philipe en aura été le plus illustre interprète au TNP de Jean Vilar, et au Festival d'Avignon.
Gérard Philipe, inoubliable Rodrigue
André Falcon de la Comédie Française
dans le rôle de Rodrigue
Samuel Labarthe est Rodrigue en 1988
dans une mise en scène de Gérard Desarthe
Francis Huster, Rodrigue au Français
et rappelons le film d'Anthony Mann en 1961
avec Charlton Heston et Sophia Loren
Revenons à l'opéra de Massenet...
dont le livret tient aussi compte d'une autre pièce de Guillén de Castro. Le livret d'adaptation est signé Adolphe d'Ennery, Louis Gallet et Edouard Blau).
Il est composé de 10 tableaux répartis en 4 actes.
Airs principaux :
Ô noble lame étincelante
Ô Souverain Ô juge Ô père.
Extrait You tube du Cid - O juge O souverain...
http://www.youtube.com/watch?v=NAh5k_7bZPk
extraits choisis conjointement par Mamy Lano et Cécile Duvivier - merci à elles deux
Résumé de l'intrigue :
Rodrigue et Chimène s'aiment mais leurs pères se jalousent pour un poste de précepteur de l'infant d'Espagne.
Don Gormas, père de Chimène donne un soufflet à Don Diègue, père de Rodrigue. Ce dernier se retrouve dans une situation "cornélienne", c'est le moment de le dire... Il choisit son devoir filial qui est de venger l'honneur de son père. Il tue Don Gormas. Chimène, effondrée de chagrin, renie son amour et le roi est prêt à condamner Rodrigue.
Ce dernier face aux attaques des Maures prouve sa vaillance et obtient la clémence du roi.
Mais ce qu'il veut c'est le pardon et l'amour de sa bien-aimée. Devant l'hésitation apparente de Chimène, il menace de se tuer. Chimène alors dévoile ses véritables sentiments et l'amour triomphe.
Cet opéra a été joué pour la première fois en 1885 à l'opéra de Paris et a été représenté ensuite dans les grandes capitales. De célèbres ténors l'ont interprété ; nommons sans être exhaustifs Caruso, Georges Thill et Placido Domingo.
Jules Massenet l'a composé juste après Manon et en même temps que Werther.
Les Rodrigue de l'opéra
Jean de Reszké, Rodrigue lors de la création de l'opéra
Placido Domingo en 1999
Roberto Alagna dans ses rôles de Rodrigue
Marseille - 2011
Merci à Martine Garnier
Photos de Sarka Vinklenova que je remercie
Mars - Avril 2015
Opéra Garnier Paris
Photos Patrice et Martine Garnier - merci à eux
Manon
Manon
de Jules Massenet
créé le 19 janvier 1884 à Paris
Opéra Comique
https://www.youtube.com/watch?v=SNaA3ieNF0Y
C'est un opéra en 5 actes, d'après le roman de l'Abbé Prévost : "Manon Lescaut"
Ce roman va inspirer tous les domaines artistiques :
L'opéra
4 opéras vont être composés :
Manon Lescaut de Daniel François Esprit Auber - 1854
Manon de Jules Massenet - 1884
Manon Lescaut de Giacomo Puccini - 1893
Le portrait de Manon de Massenet - 1894
Le cinéma
3 films muets au début du XXe siècle portent le titre de Manon Lescaut, mais c'est surtout le film d'Henri Georges Clouzot que nous retiendrons (1949).
La toute jeune Cécile Aubry est Manon, tandis que Michel Auclair est Des Grieux et Serge Reggiani, Léon le frère de Manon.
Cécile Aubry et Michel Auclair
La télévision
Plusieurs séries seront réalisées dont celle, en 1979, de Jean Delannoy, avec Frank Cabot-David, Fanny Cottençon et Jacques Balutin.
La danse
Un ballet est tiré de l'histoire : L'histoire de Manon de Kenneth Mac Millan , en 1974
Résumé de l'intrigue de l'opéra
Manon (soprano) est une très jolie jeune femme. Elle se rend au couvent. Sur son chemin dans une auberge, alors qu'elle est accompagnée de son cousin Lescaut (ténor), elle rencontre le Chevalier Des Grieux (ténor) . Elle est séduite et le jeune homme tombe amoureux de cette jolie inconnue.
Ils décident de repartir ensemble sur Paris. Ils n'ont pas beaucoup d'argent et c'est dans une mansarde qu'ils sont obligés de se loger. Cela n'emballe pas Manon qui rêve de confort et de luxe. Son amoureux, lui est tout à sa passion et écrit une lettre à son père le Comte Des Grieux (basse) pour lui demander l'autorisation d'épouser Manon.
Mais Manon a deux prétendants qui tous deux veulent assurer sa protection : Brétigny (baryton) et le vieux Guillot (ténor).
Brétigny vient la prévenir que le père de son amant, va récupérer de force son fils car il s'oppose à une telle union. Il propose à la jeune femme de lui offrir toutes les richesses dont elle rêve. Manon n'hésite guère, et aux dépens de ses sentiments, choisit le confort avec ce protecteur généreux.
Effectivement Des Grieux est enlevé par les services de son père. Douloureusement meurtri, il décide d'entrer au séminaire et de se consacrer à la religion.
Mais les tendres sentiments sont toujours là et Manon retrouve Des Grieux qui célèbre un office. Les deux amoureux se rejoignent. Mais hélas, Manon est toujours Manon, légère, frivole, sans grand sens moral ! La voilà sous la protection du vieux Guillot qui à son tour lui assure un certain confort !
Elle pousse même Des Grieux à jouer ses derniers sous contre ce vieux riche et il gagne. Guillot pense à une tricherie, voit la perfidie et les fait arrêter tous les deux. Manon est accusée de prostitution et condamnée au bagne en Louisiane. Sur la route qui la conduit au Havre, Des Grieux, libéré grâce à une intervention de son père, court pour la sauver avec le cousin Lescaut. Il veut la faire évader, mais trop épuisée, Manon meurt dans ses bras.
Roberto Alagna dans le rôle du Chevalier Des Grieux
Opéra de Vienne - février 2007
Avec Anna Netrebko
Le jongleur de Notre-Dame
Le Jongleur de Notre-Dame
créé à l'Opéra de Monte-Carlo
le 18 février 1902
Cette oeuvre de Jules Massenet sera jouée pour la première fois à Paris, deux ans après sa création, le 10 mai 1904, à l'Opéra Comique.
Elle est composée de trois actes.
Le livret de cette oeuvre est signé Maurice Léna, un poète, d'après un conte d'Anatole France, "Le jongleur de Notre Dame", qui fait partie d'un recueil de contes : "L'étui de nacre". Rappelons que ce même auteur a inspiré d'autres oeuvres lyriques comme Thaïs par exemple.
Anatole France raconte donc les aventures de Barnabé, sympathique jongleur, qui tente de gagner sa vie en se produisant de foire en foire et qui trouvera son salut auprès de moines.
Dans l'opéra de Massenet, on remarquera que le sujet est différent des autres oeuvres lyriques ; il ne s'agit pas là d'une histoire d'amour, mais d'une oeuvre spirituelle, autour des Béatitudes. Bienheureux les pauvres.... Certains parlent "d'un miracle" comme ces spectacles proposés sur le parvis des églises et cathédrales au Moyen-Age.
Barnabé le Jongleur qui devient Jean dans l'opéra, a une voix de ténor, Boniface le moine chargé de la cuisine, est un baryton, le prieur de l'abbaye -en l'occurence celle de Cluny- est une basse.
Quant aux voix féminines, elles sont pour les anges qui n'apparaissent pas forcément dans le spectacle mais que l'on entend en voix de soprani.
La remarquable Abbaye de Cluny
Résumé de l'intrigue :
Nous sommes au Moyen-Age, devant l'abbaye de Cluny.
Les villageois sont joyeux. Un musicien , Jean, régale tout le monde, avec les jolis sons émanant de sa vielle. Il est aussi jongleur. Mais la foule a plutôt envie de danser et ne prête pas attention à ses tours...en se moquant un peu de lui, il est entraîné dans la farandole qui se forme.
Il arrive à se dégager et à entonner un "alleluia" païen, à la gloire du vin...Le prieur de l'abbaye, comme on peut le deviner, n'apprécie pas du tout et lui promet l'enfer...Jean, qui n'est pas un mauvais garçon fond en larmes. Le prieur, sensible à son repentir, l'invite à entrer dans l'abbaye.
Jean n'est pas vraiment prêt à aliéner sa liberté et le chante ...mais il a tant de mal à vivre ! Le moine Boniface arrive avec tout plein de ravitaillement ! Jean a faim...
Jean est maintenant à l'abbaye au milieu des moines. Il chante, il boit, il mange. Il regrette de ne pas connaître le latin ! Il pourrait au moins remercier la Sainte-Vierge, comme le font chacun des moines dans leur différente spécialité.
Boniface le cuisinier le réconforte et le rassure : Tout le monde a le droit d'espérer le paradis... Aussi, une fois seul, il offre à la Vierge, les seules chose qu'il sait faire bien : chanter, jongler, jouer de la vielle.
Après plusieurs essais qu'il ne juge pas satisfaisants, il chante et danse pour Notre-Dame...
Les moines sont surpris et s'apprêtent à interrompre cette attitude qu'ils jugent irrespectueuse, mais Boniface qui a tout compris les en empêche. C'est alors qu'un rayon lumineux venant de la statue de la Sainte-Vierge, fait comprendre à tous que Jean est pardonné et choisi...
Dans un moment de grande spiritualité et de sérénité, Jean quitte ce monde, comprenant le latin, apaisé et heureux.
Le prieur rappelle à tous la plus fameuse des Béatitudes : Heureux les simples d'esprit, le Royaume de Dieu leur appartient...
Roberto Alagna dans le rôle de Jean,
le Jongleur de Notre Dame