Français - Edouard Lalo
Edouard Lalo
Edouard Lalo est un compositeur français. Il naît à Lille le 27 janvier 1823.
Alors qu'il n'est encore qu'un garçonnet, il est admis au Conservatoire de sa ville natale pour y apprendre le violon et le solfège. Il y prend goût, si bien qu'à 16 ans, il arrive dans la capitale, mais ne se présente pas au Conservatoire.
Il devient l'élève de musiciens appréciés de l'époque.
Puis il s'oriente vers la composition sous la houlette du pianiste Julius Schulhoff et de Jean Crèvecoeur et en 1848, il signe des pièces pour piano. Il rencontre Berlioz, puis Charles Gounod qui aimera sa musique.
Ses premières oeuvres sont des romances populaires, des mélodies sur des poèmes de Victor Hugo. Plus tard, il en écrira sur des vers de Musset. Mais il aime aussi composer des pièces pour violon et piano.
Il devient membre du Quatuor Armingaud comme altiste. Mais indépendant, quelques années plus tard, il monte son propre Quatuor à cordes.
En 1866, il boucle son premier opéra "Fiesque" d'après l'oeuvre de Schiller, qui malheureusement ne sera jamais créé.
Il reprendra certains thèmes de cet opéra pour son "Divertissement pour orchestre" et pour une symphonie en sol mineur.
Toujours attaché au violon, il publie ses concertos, un pour violon, l'autre pour violoncelle.
Durant les années 1870, marquées par les événements politiques que l'on connaît, la guerre contre les prussiens et l'avènement de la IIIe République en France, il nous offre ses deux opus les plus connus de lui : La Symphonie Espagnole (pièce pour violon, en 5 mouvements) pour le fameux violoniste de l'époque Sarasate. C'est le morceau mythique des violonistes du monde entier.
et l'autre opus qui le rend célèbre est bien sûr son opéra : Le Roi d'Ys. Créé en 1888, il obtient un triomphe et l'aubade du Roi d'Ys, en ce moment en musique d'accueil du présent blog, en est l'air le plus connu et le plus apprécié.
Une autre oeuvre intéressante qu'il aura signée : le ballet Namouna, qui ne recevra qu'un accueil très tiède mais dont la musique aura séduit Claude Debussy.
L'homme
Edouard Lalo était un républicain convaincu. Cela se verra d'ailleurs dans le choix de Fiesque, son premier opéra, d'après Schiller, qui lui permettra d'exprimer son attachement à un régime démocratique et à s'éloigner de ce second empire qu'il n'apprécie guère.
Durant la première partie de sa vie, il mène une existence modeste à Puteaux avec sa première épouse qui décède en 1864. Puis il vient habiter Paris et rencontre la mezzo-soprano Julie Bernier de Maligny qu'il épouse. C'est pour elle qu'il compose Fiesque.
Il tient un salon de musique chez lui, et y réunit chaque semaine des gens cultivés, réservés et mélomanes.
Lui-même restera d'un caractère discret et fuyant les mondanités.
Une déception dans cette vie discrète : son opposition à son fils Pierre, sur le plan politique , le fils défendant les idées monarchistes.
Edouard Lalo décède à Paris le 22 avril 1892 alors qu'il n'avait que 69 ans et repose à jamais au cimetière du Père Lachaise.
Dona eis requiem
Fiesque
Fiesque
Opéra créé le 27 juilet 2006
en version concert
à l'opéra Berlioz Corum de Montpellier
Fiesque est le premier opéra d'Edouard Lalo, en 1968, d'après l'oeuvre dramatique de Friedrich von Schiller, écrivain allemand (1782) qui aura inspiré à plusieurs reprises de grands compositeurs : nommons ne serait-ce que Verdi (Luisa Miller, Don Carlos, Giovanna d'Arco, I Masnadieri, la Force du Destin).
Charles Beauquier adaptera l'oeuvre de Schiller pour l'opéra de Lalo.
Le compositeur a dédié son oeuvre à son épouse, la cantatrice Julie Bernier de Maligny.
Cet opéra a été présenté à un concours dont le premier prix offrait l'opportunité d'être créé à l'opéra comique. Mais Fiesque n'arrivera qu'à la troisième place.
Plusieurs fois, il sera question de le présenter à Hambourg, en Belgique, à Paris mais rien ne se concrétisera et l'oeuvre ne sera JAMAIS créée.
Madame Lalo mezzo-soprano , en interprétera des morceaux lors de concerts parisiens, mais l'oeuvre ne sera jamais entendue en entier. Lalo reprendra certains passages et les utilisera dans d'autres de ses oeuvres comme le Roi d'Ys.
En 2006 seulement, l'oeuvre sera enfin présentée dans son intégralité, en version concert, dans le cadre du Festival Radio France.
Lalo aura voulu faire passer dans sa composition, son opposition à la politique du Second Empire, sa préférence pour un régime républicain, même si son oeuvre se déroule au XVIe siècle, à Gênes, en Italie.
Résumé de l'intrigue
Nous sommes à Gênes au XVIe siècle.
Fiesque (ténor) est un jeune comte appartenant à une famille de Gênes, qui a des rêves politiques ambitieux, il aimerait devenir Doge de la ville. Mais, éclairé par le vieux Verrina (baryton), un farouche partisan républicain, il adhère à ces idées nouvelles.
Fiesque est marié à Léonore (soprano) qui confie avec dépit l'échec de leur mariage. Fiesque, en effet, n'est pas insensible aux charmes de Julie (mezzo-soprano), fille d'Andrea Doria, doge de la ville et soeur de Gianettino (basse), son ennemi politique.
Le vieux Verrina est cependant inquiet : il craint que Fiesque ne s'éparpille dans les plaisirs et les honneurs de parade au détriment des vraies valeurs républicaines et de l'honneur de son pays.
Hassan (baryton), un personnage louche, semble jouer un double jeu : d'abord à la solde des Doria pour supprimer Fiesque, il accepte pour sauver sa vie, de servir d'espion à ce dernier pour le renseigner sur les mêmes Doria.
Ainsi pour délier les langues, il incite les gens du marché à boire, obligeant Verrina à intervenir.
Fiesque fait un rêve qui le trouble : l'image de son mariage est brisée par celle où il est intronisé doge...
Quant à Léonore, elle est brisée par son chagrin d'amour.
Fiesque la rassure en lui promettant qu'il lui donnera la preuve de son amour éternel.
Par Hassan, tout le monde apprend que Julie a voulu empoisonner Leonore.
Verrina tient à être sûr que Fiesque a toujours les mêmes valeurs républicaines ; il vient le voir pour le tester, avec des partisans à la cause : Romano (baryton), Borgonino (baryton) et Sacco(ténor).
Il est rassuré par l'attitude de Fiesque.
La révolution peut donc se mettre en place. Les conspirateurs se retrouvent dans la chapelle du palais de Fiesque pour s'organiser.
Leonore tente de maîtriser son émotion. Julie arrive sûre d'elle et avoue son amour à Fiesque. Ce dernier semble y répondre mais au moment le plus passionné, il déclare clairement sa fidélité envers Léonore et accuse Julie de tentative d'empoisonnement.
Léonore reçoit donc la preuve promise par son époux, tandis que Julie jure de se venger.
Le plan des républicains était bon, puisque les Doria sont vaincus. Fiesque devient gouverneur de la ville et jubile. Léonore, prudente, le supplie de se méfier.
Fiesque invite le vieux Verrina aux festivités d'intronisation, mais ce dernier est très réticent : il est anxieux devant le goût affirmé du jeune homme pour les honneurs, les plaisirs, les fastes et la gloire... Lui, le pur et dur républicain ne peut l'accepter. Ce n'est pas du tout cela qu'il espérait de Fiesque dont il a favorisé l'accès au pouvoir. Il lui demande d'y renoncer, mais Fiesque n'a cure de cette requête.
Alors Verrina, emporté par son idéal républicain intransigeant se sent foncièrement trahi et pousse Fiesque dans la mer qui l'engloutit.
Distribution lors de la création de l'opéra
27 juillet 2006
Montpellier
Michelle Canniccioni et Roberto Alagna
Fiesque : Roberto Alagna, ténor
Léonore : Michelle Canniccioni, soprano
Julie: Béatrice Uria-Monzon, mezzo-soprano
Verrina: Franck Ferrari, baryton
Hassan: Jean Sébastien Bou, baryton
Borgonino : Armando Gabba, baryton
Gianettino : Vladimir Stojanovic, basse
Romano: Ronan Nédélec, baryton
Sacco: Alexandre Swan, ténor
Coryphée: Gundars Dzilums, basse
Un homme du peuple: Martins Zvigulis, ténor
Un page : Inga Zilinska, mezzo-soprano
Orchestre National de Montpellier Languedoc-Roussillon
Chœurs de la Radio Lettone
Direction : Alain Altinoglu
Un CD a été enregistré lors de cette création